Comme chaque année depuis bientôt 2 ans, nous partons à la bourre pour la première soirée de Noel.
Voyager en voiture, dans le noir, en traversant les montagnes, c’est tout ce qu’il y a de plus angoissant pour moi, surtout depuis que j’ai des enfants. Peur d’un accident, peur de croiser un psychopathe.
Pour bien commencer ce séjour festif, Kiki vomit son gouter, qu’il mange ou qu’il ne mange pas, on ne rompt pas les traditions, il peut même rejeter ses boyaux, que nous soyons à 5 minutes ou 2h de trajet. Je l’ai préparé tout beau pour rien, encore une fois j’ai oublié son tablier de peinture, censé protéger ses vêtements. Je me déculpabilise en me disant qu’il aurait refusé de le mettre, comme souvent. Et dans l’obscurité de la voiture, impossible de retrouver le sac plastique soigneusement placé au milieu de mes jambes.
Je m’énerve, je réveille bébé qui se met à pleurer. Tout le monde gueule dans la voiture. J’ai aussi du vomito sur ma robe, chouette, mais c’est pas grave, j’ai prévu une autre robe que je mettrai en arrivant.
J’essuie, je nettoie comme je peux le siège auto, vêtements de Kiki, le siège auto, vêtements de Kiki, vive les lingettes St Marc! Avec le papa qui gueule, me reprochant pour la énième fois de l’avoir nourri avant de partir, et bébé qui chouine à côté. Kiki qui regarde dans le vide avec toute sa culpabilité en lui. Quelle mère indigne que je suis, j’ai nourri mon fils avant 2h de trajet afin qu’il ne meurt pas de faim sur la route.
Bref, après 2h de trajet pour être au top chez un de nos proches, nous voilà décoiffés, le regard noir mais le sourire email diamant. Le papa tend les vêtements remplis de vomi à l’homme de la maison, que je regarde avec pitié, car je lis sur son visage en mode Patrick Jane (Mentalist), qu’il ne sait pas ou l’on appuie sur le bouton « marche » de la machine à laver le linge.
Je pose les gamins à qui veut bien tendre ses bras, je fais des allers retours porte d’entrée-voiture, voiture-porte d’entrée, sous la pluie et au milieu des paroles que j’entends « oh qu’il a grandit », « oh qu’il est mignon », merci de m’aider les gars! Et mon parfum de vomi mélangé au « Mademoiselle » de Coco Chanel. Très élégante.
Je vais me changer, mais tout le monde s’en fou de toute façon. L’homme de la maison ne veut surtout pas voir trainer de bagages à l’entrée. Surtout que nous avions presque déménagé notre appart pour 2 jours dans le coin. Il est gentil, il m’aide à tout entasser dans une pièce, plus rapide tu meurs. Bon, il y a des choses que je devrais ressortir de la pièce mais c’est pas grave, il faut vite débarrasser le tapis rouge. Il y a des fois ou je me demande si c’est pas culturel..
Je me change, pendant ce temps, je me prends des coups de chaleur, purée, il fait 72°c ici! C’est le climat tropical. Et mince, je n’ai que des robes à manches longues! Bah oui, nous sommes en décembre, mais chauffage à fond, très écolo. Je comprends pourquoi les filles étaient quasiment toutes en nuisette à l’étage (à part les mamies). Bon c’est pas grave, du coup je vais mixer ce fond de robe avec ce gilet dont je vais plier au maximum les manches. Purée en plus je n’ai pas collants fins, que des opaques, tant pis.
Je remonte à l’étage, ambiance estivale, sandale, au milieu des cadeaux de noel. Bébé passe de bras en bras, mais pleure. « Oh il doit avoir faim », « Oh il a des coliques ? », « Oh il a sommeil ». Et un non-parent qui sort son portable, faisant des jeux de lumière, en éblouissant bébé avec des flashs en continu. Bébé arrête de pleurer « Ah vous voyez, je sais y faire avec les mômes! ». Et si c’était mon frère, je lui aurais dit : « Espèce de sale c**, t’as qu’à faire 10 gosses! ». Mais comme ce n’est pas mon frère, je ne peux rien dire :p
Bref, passons… Kiki a faim, et oui il a tout vomi, ahah! Je demande à la dame de la maison ou puis-je installer l’enfant pour le nourrir, avec son rehausseur, qui a d’ailleurs failli retourner dans la pièce car il trainait trop longtemps ici. J’obtiens une vague réponse au milieu des mouches, on m’indique divers endroits : les chaises hyper haute pour les alcooliques anonymes au bar, les fauteuils rococo de 2m en largeur, du coup c’est pas grave, je vais m’assoir et il va manger sur mes genoux… A choisir, je préfère le camping qui a plus de confort…
Nous passons à table, après 2h d’apéro. Les enfants auraient du dormir depuis 3h. Mon fils à 2 ans et demi, n’a toujours pas de chaise pour lui en tant qu’invité, en fait, on pense toujours qu’il a 4 mois, installé par terre dans son transat qu’on aurait emmené. C’est même presqu’anormal qu’il ne rampe pas au sol. C’est pas grave, cette fois, c’est le papa qui le prend sur ses genoux en dégustant l’entrée de noel!
Bébé pleure « oh il a faim? », « Oh il a les coliques ». « Oh il est malade? ». Faut vite faire taire bébé car ce n’est pas normal de pleurer ici, c’est vrai, au milieu du repas, ce n’est pas agréable, c’est comme être dans le TGV 1ère classe et entendre un gamin brailler tout le long du voyage.
Il n’y a qu’une seule solution pour calmer bébé……. non… plutôt pour ne plus déranger tout le monde avec ses pleurs : s’isoler dans un coin, avec bébé. En fait, j’ai compris, il est fatigué, il passe de bras en bras et ce ne sont pas ceux de sa maman, il fait très chaud aussi, donc avec ses vêtements d’hiver, il ne pouvait qu’avoir chaud.
A cet instant, j’ai rêvé, j’ai repensé, aux Noels de ma jeunesse, ou j’avais les pieds sous la table, ou j’appréciais la cuisine de ma mère, ou l’on mangeait, discutait, riait tout le long du repas, ou l’on pouvait se déplacer de la table au canapé, du canapé à la table. Sans être cloitré comme dans un restaurant chic avec les marques place sur la table.
Du coup, Noel n’est plus noel pour moi, c’est juste un mauvais moment à passer.
Voici le récit détaillé que j’ai raconté à mon homme ce soir de ce qui se passera cette année pour répondre à son invitation : alors cette année, j’aimerais que noel soit chez moi, avec mes enfants, dans mon canapé, dans ma cuisine, dans mon lit, dans leur lit, sans que cela soit un grand moment de stress.