Difficile d’affronter la maternité au travail. L’âge et l’expérience nous apprennent à mieux gérer la situation avec les collègues et la hiérarchie.
De nature discrète au travail, je vais difficilement ouvrir ma vie aux collègues, j’ai une certaine méfiance et une carapace à maintenir, ce sont eux qui ont tendance à venir frapper au bureau pour une séance de psy (pour eux). J’ai une confidente au travail à qui je dis quasiment tout, je peux lui faire confiance les yeux fermés, et c’est réciproque. L’une des premières à être tenue au courant de ma 1ère grossesse, j’ai eu besoin de me confier à elle pour l’annonce à notre supérieur. Je n’appréhendais pas beaucoup puisque mon supérieur me disait souvent de ne pas trop attendre quand on désire enfanter, elle m’a connu durant la période ou je ne voulais pas entendre parler d’enfant.
L’annonce s’est déroulée sans le moindre soucis, j’étais plutôt triste pour ma collègue qui allait se retrouver quelques mois « seule » même si, tout à l’inverse de moi, elle est assez populaire dans la boite. On se complète, c’est assez comique. Je ne voulais pas ébruiter plus que ça ma grossesse à cause de mes antécédents. Je ne voulais pas m’angoisser encore plus, tout en sachant que ma grossesse est connue de tous et que si un incident arrivait, je voulais éviter de me justifier un maximum. Je préférais que les gens l’apprennent au fil du temps, au fil de l’évolution de mon ventre. Je voulais au moins attendre la fin du 2ème trimestre avant d’officialiser.
En 2011, c’était le baby boom dans la boite. Il y a même un secteur ou supérieures et employées étaient enceintes quasiment en même temps. C’était assez rigolo de voir défiler des ventres ronds devant les salles de réunions ou les pots de départ.
L’une des supérieures, d’à peine 2 ou 3 ans mon aîné est venue, sortie de nulle part, parler de la maternité avec moi. Les derniers mois de ma grossesse, on avait souvent des discussions à ce sujet. Elle, qui est très ambitieuse, très active, m’a confié que la maternité l’a beaucoup changé dans sa façon de voir la vie, les gens, le monde du travail. Avant, elle dépensait corps et âmes pour le travail. Depuis que son fils est dans son monde, les futilités lui passent au dessus d’elle. Elle rentre chez elle, elle retrouve son fils, le travail reste loin derrière elle. Elle a réapprit à vivre.
Elle a eu raison, depuis l’arrivée de mon fils, au travail, j’affronte sereinement le boulot, je me donne à fond au travail, mais une fois sortie de là, je n’y pense plus.
Avoir une maternité m’a permis de me rapprocher de certains collègues trentenaires, ou même proche de la quarantaine, qui sont parents, je ne suis plus la gamine qui passe son temps à droite à gauche, à moitié célibataire. On partage beaucoup de choses, et chacune est maman, ou chacun est papa à sa façon. Il y en a qui s’en sorte bien et d’autres qui ont du mal. On apprend beaucoup de l’expérience des uns et des autres.